Les caractéristiques du football moderne

Le football est un milieu en perpétuel mouvement, que ce soit dans son jeu, ses tactiques, la formation des joueurs ou les aspects politiques et financiers. Depuis sa création, ce domaine évolue, mute, et évoluera encore. Ces mutations sont très variées et ne font pas toujours l'unanimité : auprès des fans, mais aussi des instances. Quelles sont les évolutions qui définissent le foot moderne ? Qu'est-ce qui le différencie du football antérieur ? Retour sur les caractéristiques du football moderne.

LE NOUVEL APPORT DES LATERAUX

Le latéral moderne a de plus en plus un apport offensif dans son équipe. En plus de son rôle défensif, il doit (plus ou moins selon la tactique adoptée) apporter un soutien offensif en dédoublant dans son couloir. Le but recherché est ici de créer une situation de supériorité numérique (2 contre 1) au point de corner adverse. En effet, le latéral adverse doit à la fois défendre sur l'ailier qui se trouve dans son couloir, et en plus le latéral adverse. Ainsi, le latéral aura assez d'espace et de temps pour centrer, premier ou second poteau. Le latéral moderne doit par ailleurs avoir un très bon cardio : il est un "essuie-glace" qui multiplie les courses offensives puis défensives dans son couloir. Cet aspect offensif se reflète notamment chez de jeunes latéraux, dont les statistiques offensives sont de plus en plus importantes : Ben Davies, Alexander-Arnold ou Robertson en sont les parfaits exemples. Le latéral droit de Liverpool a mis 4 buts et délivré 13 passes décisives en Premier League lors de l'exercice 2019-2020.

LE RÔLE DU GARDIEN MODERNE

Les entraîneurs veulent de plus en plus avoir un gardien libéro, qui ne reste plus juste sur sa ligne. A l'instar de Manuel Neuer, le gardien moderne doit s'avancer sur le terrain et couvrir un espace plus important que ses cages. Ainsi, il se mute presque en défenseur : en étant plus avancé, le gardien libéro a une meilleure gestion de la profondeur et des longs ballons adverses. Mais en ayant le ballon, il participe directement à la relance de son équipe. Il doit donc avoir un bon jeu au pied, à la fois pour relancer proprement et se défaire d'un pressing qui peut être très haut et dangereux si la défense et le gardien ne sont pas à l'aise techniquement. Le gardien brésilien de City Ederson en est le parfait exemple. Considéré comme le meilleur gardien jeu au pied, il est très intéressant, que ce soit pour se défaire d'un pressing grâce à des passes courtes et directes très précises, ou pour relancer long, mais sans moins de précision. Il est d'ailleurs le seul à avoir l'autorisation de relancer long contrairement aux défenseurs de Manchester City selon la tactique de Guardiola.

LES MUTATIONS DES ATTAQUANTS

Les attaquants, et surtout le buteur, ont beaucoup évolué dans leur jeu ces dernières années. Les ailiers se doivent d'être de plus en plus à l'aise techniquement pour déborder sur les côtés. Le buteur moderne n'est quant à lui plus vraiment un buteur. Certes, il a parfois pour rôle de finir les actions, mais plus autant qu'avant. En effet, il a tendance à descendre (parfois très bas) sur le terrain pour participer à la construction du jeu. Il descend donc pour proposer davantage d'options, et se mue presque en en 10, en tant que véritable meneur de jeu sur le front de l'attaque. C'est le cas de Benzema, Firmino, ou même Kane depuis le début de la saison 2020-2021. Le buteur anglais est d'ailleurs le meilleur passeur de ce début de saison, et a notamment délivré 7 passes décisives pour Son en 6 journées de PL. Le buteur moderne propose donc des solutions et essaie de trouver les ailiers de son équipe.

D'IMPORTANTES EVOLUTIONS TACTIQUES

Toutes ces mutations dans les rôles des joueurs modernes entraîne logiquement des changements tactiques. Les défenses à 3 sont de plus en plus prisées, car elles permettent de jouer avec 3 centraux mais aussi 2 latéraux à vocation offensive. Dortmund joue par exemple en 3-4-4, ce qui laisse beaucoup de libertés à ses latéraux, qui combinent plus facilement avec les attaquants, et finissent parfois même les attaques. Cette exploitation de la largeur est reprise par l'Inter de Milan, qui joue en 3-5-2 (ou 3-4-1-2 si Eriksen est en 10 et alors Lukaku et Martinez buteurs) a un jeu offensif qui passe notamment par l'apport de ses latéraux Young et Akimi. Cette avancée des latéraux dans le dispositif tacitique même de certaines équipes les rendent ainsi très séduisantes (que ce soit dans les relances ou les transitions offensives)

UN REEQUILIBRAGE DES RAPPORTS DE FORCE

Les "petites équipes" deviennent de plus en plus dangereuses, et les cadors européens ont plus de mal maintenant pour s'imposer contre elles. En effet une équipe bien organisée en bloc bas et compact, coulissant sur les côtés, et qui dispose de bons gabarits (surtout pour les centraux) et une équipe en général plus physique que technique peut poser des problèmes aux "grosses équipes" qui ont tendance à monopoliser le ballon et installer un jeu de possession dans la moitié de terrain adverse. Cette sorte de retour au Catenaccio chez les équipes de 2e moitié de tableau rivalise avec (presque) toutes les équipes. Misant surtout sur le match nul, elles sont néanmoins très dangereuses en contre avec de longs ballons plus ou moins balancés balancés dans la profondeurs dès la récupération du ballon. Les équipes de possession ont aujourd'hui beaucoup de mal à déverrouiller ce cadenas s'il est bien agencé : un bloc compact empêche de trouver des espaces dans les intervalles, et les centres trouvent en permanence des défenseurs adverses très physiques et grands. Brighton et son 4-4-2 défensif, ou Burnley qui empêche tout jeu adverse, ou encorel'Atlético, qui est une équipe célèbre pour cette mentalité défensive, en sont de bons exemples. De plus, le football est un sport très hasardeux, étant donné que les buts marqués sont assez rares, et permet à l'outsider de pouvoir créer la surprise grâce à des détails : les petites équipes qui jouent en contre-attaque ont donc toutes leurs chances, et encore plus aujourd'hui

L'ASPECT FINANCIER

Tout d'abord, les droits TV, qui constituent le revenu majeur des clubs, ne cessent d'augmenter. Ils augmenteront notamment de 60% sur la période 2020-2024. Les prix des transferts lors des mercatos peuvent également être vertigineux : 222 millions d'euros pour Neymar en 2017, alors qu'en 2016 le transfert le plus cher de l'histoire était Paul Pogba pour Manchester United (105 millions d'euros). Certains clubs cassent la tirelire pour s'acheter des joueurs qui paraissent prometteurs mais qui n'ont pas encore prouvé (comme le fait Guardiola à City).

LA VAR

Elle a ses avantages mais également des inconvénients certains, surtout dus à sa mauvaise utilisation et au manque de connaissance de ce nouvel outil. Elle peut être considérée comme l'un des changements majeurs qui caractérise le football moderne. Sa mise en place a changé beaucoup d'éléments dans ce sport, qu'ils soient bons ou mauvais. Pour plus d'informations sur sa polémique et les changements qu'elle engendre, voir le lien sur la VAR dans le football.

LA FORMATION ET LE RECRUTEMENT DES JEUNES

Les jeunes sont repérés de plus en plus tôt. Les "cracks" sont toujours plus jeunes et battent tous les records liés à l'âge (plus jeune buteur en bundesliga, plus jeune joueur à jouer en équipe de France...). Cette augmentation faramineuse du nombre de jeunes joueurs dans les grands championnats est due à un recrutement très rapide et à une formation des joueurs qui débute de plus en plus tôt. Ainsi, Xavi Simons est un jeune néerlandais de 17 ans évoluant au PSG et est déjà considéré comme l'un des futures "grands" d'Europe. Il en est de même pour Kubo : à 19 ans, il a pourtant été découvert bien plus tôt et est depuis quelques années convoité par tous les clubs. Le trophée Golden Boy met en avant cette tendance des joueurs à être connus de plus en plus tôt.

L'IMPORTANCE DES TOUCHES LONGUES

Tout comme l'importance croissance des coups de pied arrêtés plus en général (multiplication des combinaisons en corners ou coups francs), les touches sont de plus en plus intégrées dans les tactiques mises en place par les entraîneurs. Liverpool a notamment recruté l'expert en touches Thomas Gronnemark, sûrement inspiré de l'ancien milieu de terrain de Stoke City Rory Delap, connu non pas pour son jeu au pied mais pour sa qualité de passe lors des touches, et notamment lors des touches longues.

"J’ai remarqué que beaucoup d’équipes perdaient quasi-systématiquement le ballon, à la suite d’une touche (...). J’ai donc créé ma propre méthode : the long, the fast and the clever throw-in." Thomas Gronnemark

Les touches, et surtout les touches longues, sont donc devenues l'un des principes essentiel de Gronnemark et de certains clubs : elles sont à elles-mêmes une toute une tactique complexe, qui se doit d'être à la fois dangereuses et de ne pas perdre le ballon.

LE RÔLE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES

Elles sont de plus en plus utilisées par les entraîneurs pour optimiser les séances d'entraînement et cibler les performances précises de chaque joueur dans des domaines très variés. Elle peut se caractériser par des machines délivrant des centres ou tirant des ballons pour entraîner corners, reprises, têtes, et arrêts des gardiens sur des frappes lourdes. Un outil intéressant reste le GPS que porte chaque joueur lors d'un entraînement ou d'un match, ce qui permet de voir précisément la distance qu'il a parcouru, les zones qu'il couvre et celles qu'il doit couvrir davantage, les zones de pressing, les pointes de vitesse, etc. Enfin, la vision à vol d'oiseau peut s'avérer très utile pour certains entraîneurs pour avoir une meilleure vision en terme de tactique que lorsque l'on regarde du bord du terrain. Ainsi, Julian Nagelsmann n'hésite pas à utiliser des drones à Leipzig pour avoir cette nouvelle vision, bien plus englobante.